24 mars 2008

Bugling Eyes Chapitre 3

Voilà le troisième chapitre de Bugling Eyes.
Desolé pour les nouvelles sur les thèmes donnés. Je n'ai pas encore eu le temps d'écrire quoi que ce soit.


III- Où voltigeait la féconde oisiveté du grand dénominateur du monde.

Ce soir-là, Serge était chanceux : la nuit était douce. La pluie de la journée avait répandue dans l'air ambiant une agréable moiteur qui, la nuit venue, semblait soulever les désirs inavoués de tous ces braves gens, dans leur plus sobre apparat qui, à pas réduit, rentraient amèrement jusqu'au foyer tari.

Il pérégrinait au gré de son gros gréement. Lorsque, tout à coup, il vit Jessica au coin de la rue. Il s'arrêta. Il voulait courir, hurler, s'arracher à sa timidité. Mais il s'arrêta. Et il la vit, sublime, dans sa féminité virginale, merveilleuse petite crème d'enfance, terrible beauté d'à peine seize ans qu'il aimerait beaucoup bougréer. Elle marchait vite et déjà il ne la voyait plus. Il la suivit, à pas pressés, au bord de la route. La belle était suspicieuse, comme il a été dit, et n'aimait pas à s'égarer dans de sombres ruelles. Aussi restait-elle sur de grandes avenues, à la lumière des réverbères, ignorant que cette même clarté accélérait le souffle suffoquant d'un prédateur tapi dans l'ombre. Il la regardait. Et il voulait goûter à la transcendance. La transcendance de ses formes, la transcendance de sa voix, la transcendance de ses mains, la transcendance des ses lèvres... Il voulait se transcender, évaporer sa passion avec elle dans la Lune, créer un pont entre son désir et le Nirvana, dresser un tentaculaire viaduc sur le grand fleuve Amazone et, avec elle, remonter le courant vers l'amont de l'intelligible.

Il regardait les collines s'élever et se frotter à la lumière des réverbères, rythmées par les pas de la Belle. Il voudrait courir loin dans les collines. Loin à travers les bois, pour enfin arriver à la cascade subversive, fontaine de jouvence sauvage dans laquelle il voudrait se baigner, petit ru coquin dont ses pires désirs se font un dessein, grandes chutes immuables dont la clarté aveuglante fait tourner la tête ; et nager dans l'eau claire, cristalline, jusqu'à faire déborder le lac, décrue de puissance, éruption rougeoyante du Stromboli.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouah la maitrise de la langue. J'ai appris au moins quatre mots dans le paragraphe.

Stu a dit…

Ouais s'pas mal hein ?

Moi je trouve que tu manies comme un expert l'art de l'évocation érotique.

Et ça, c'est de la balle.