24 mars 2008

Cinquième Nouvelle sur le deuxième thème

Mon deuxième écrit pour le thème Deux supportera mieux d'être lu en cliquant sur ce lien : http://cjoint.com/?dytScLKzg3

Je le poste aussi ici, mais en petite taille (et toujours sans alinéas, désolé) car il est assez long.
Bonne lecture.


La Sixième Patte du Chameau des Glaces

On était samedi quand ça s'est passé. Je faisais du sport de canapé avec une fille ramassée sur le boulevard. Les filles moi je les ramasse toujours aux alentours de 14 heures. Pourquoi ? Parce qu'elles ont le ventre plein du repas de midi mais pas la chatte dégeu des saloperies du soir. Je m'amuse avec de la chair pleine et propre, et on se chevauche que sur le sofa, parce que le lit c'est sacré. Comprenez, y'a que moi qui a le droit de rouler dessus. Et parfois, j'astique mon vélo en m'endormant. Ah ah.
Il était 16 heures quand Tom m'a appelé. T o m, l'handicapé de la vie. Et j'ai décroché comme un pauvre con. Ouais, j'ai lâché la fille pour discuter avec ce loser fini, et encore plus fini qu'après la soirée d'hier.
-Léo ? Ouf t'es là ! Viens au loft, c'est urgent.
-Hey, du calme, tu me prends pour un chien ou quoi ?
-Je suis dans une angoisse si totale que tu devrais déjà être là.
Il raccrocha là. J'ai réfléchi deux secondes puis je me suis rhabillé et j'ai dégagé la fille et je me suis cassé. Un mec normalement constitué n'aurait jamais fait ça, plaquer un coup d'enfer pour se plonger dans une galère avec un bourge-junkie comme Tom, mais moi j'étais trop poussé par la curiosité. Et un mec au fond de l'abîme c'est toujours plus drôle à voir qu'une fille qui se fourre l'abîme.

Je débarque dans son loft dix-minutes plus tard. Tom a une allure de cadavre croisé avec un... Non d'abord faut que je vous parle de son loft. C'est un 800 mètres carré dans un putain d'immeuble haussmanien. Comment il a fait pour se payer ça ? Sale coup de chance. Au départ c'était un étudiant nantais comme moi. On se branlait dans la même fac quand un jour on a décidé de se casser à Paris pour goûter à une autre vie. On s'est trouvé un studio minable dans le XIIIème si petit que si on était deux dans la chambre-cuisine-salon, on était obligé de se toucher. Tom n'en pouvait plus.
Et au bout de quelques mois, il a reçu une lettre. Sa grand-mère venait de mourir et il héritait de son appartement. Il a direct' quitté notre piaule pour ce loft de malade, sans se poser aucune question. Ni même pourquoi sa grand-mère pouvait mourir une deuxième fois, tous ses grands-parents étant morts depuis sa dixième année. Le pire est qu'il a même pas été à l'enterrement de la vieille.
Ouais donc, ce jour-là il avait vraiment l'air mal. Aussi crade dans ses fringues que dans sa tête. Il m'a ouvert un peu sa porte et eut l'air soulagé de me voir.
-Hello.
-Putain t'as été long, j'aurai eu le temps de mourir dix fois.
-C'est quoi le problème d'aujourd'hui ?
-Une vraie connerie : j'ai perdu Charlie.
-C'est qui Charlie ?
-Quelqu'un que je dois retrouver, sinon c'est un cadavre que t'auras en face de toi.
-Tu veux que je t'aide à trouver où est Charlie ?
-Je t'en supplie.
-Et le mage et le petit chien avec son os à la con aussi ?
-Te fous pas de ma gueule.
Je remarquai alors que j'étais toujours sur le palier.
-Alors fais-moi entrer.
-Ah ouais, excuse, je suis dans les vapes.
-Je sais. Moi aussi.

Trois minutes plus tard on était cloués au divan sept places en peau de crocodile, un verre de Breizh Cola dans chacune de nos mains.
-Alors, c'est qui Charlie ?
-Tu te souviens de Jessica ?
Tom vivait seul mais il ramenait dans le lit en or massif une fille par nuit. Parfois deux, ou trois, et même douze. Son plan de drague était simple : "Salut moi c'est Tom, j'habite dans un loft, tu veux visiter ?". Il accosterai les filles avec un bras en moins et la peau du visage brûlée jusqu'à l'os, la réponse serait la même. Le jeudi il ramène des gamines vraiment spéciales, qui l'invitent ensuite dans des soirées bien tordues. La plus spéciale qui est venue chez lui s'appelait Marie. Elle avait de sacrées formes, mais était trop poilue. Enfin c'est un peu normal pour une chèvre, me direz-vous.
-Jess... La fille de la nuit du lynx rouge ?
-Non, celle de la fête des vénitiens.
-Peut pas m'en souvenir alors, on était tous masqués.
-Ouais mais elle avait un tatouage marrant sur la cuisse. Y'avait marqué "y=ax+b".
-Ah ouais, je me rappelle. C'était la nuit juste avant que je me casse au Canada, pour deux ans.
-C'est ça. Et bien, en fait je...
-Tu ?
-Je me suis marié avec elle.
Je m'étranglai avec le coca et allai vomir sur le cactus, au balcon. Tom me rejoignit.
-Putain, marié, toi. C'est affreux.
-C'est pas grave Léo, on a été heureux nous deux.
-Comment t'as fait ta demande ?
-Au cinéma. J'ai mis la bague dans le paquet de pop-corns.
-Quelle classe.
-Mais elle a pas vu et s'est étranglée avec. On a du lui couper la gorge à l'hosto pour sortir l'anneau, mais elle s'est rétablie quelques jours après.
-C'était quoi le film à l'écran ?
-Un truc génial. L'histoire d'une colonie de Chameaux de la Banquise qui avaient tous cinq pattes, mais y'en a un qui naît avec une en plus. Les autres sont dégoûtés et le chassent de la tribu. Alors le petit chameau il s'en va dans le l'Extreme-Nord, tout triste. Et à la fin il meurt de froid, tout seul.
-Woah, quelle profondeur morale !
-C'est clair.
-Et elle est où ta femme maintenant ?
-On a divorcé avant ton retour. Je ne l'ai plus revue depuis mais on se cause sur msn.
On se tut pendant quelques instants, et regardera les petites voitures courir sur le béton. La vue du reste de Paris était belle aussi, on pouvait même voir un peu le soleil à travers les couches de pollution. La cime de la Tour Montparnasse était enfoncée dans un nuage violet. Cette image avait quelque chose d'excitant.
-Bref, c'est quoi le rapport avec ton pote Charlie ?
-C'est pas mon pote, c'est mon fils.
-Aaaaarrrg...
Je vomis encore. Cette fois-ci par dessus la rambarde du balcon. Un costard-cravate sur le trottoir se prit tout sur la gueule et fut quelque peu mécontent.
-Sérieux ? Un gosse ? Mais qu'est ce qui t'as pris !?
-C'est Jessica qui m'a pris, gros malin.
-Je t'aurais pas cru si faible.
-C'est bon, arrête là. Ecoute-moi plutôt. Elle a obtenu la garde mais je vois encore mon fils un week-end sur deux. Je le récupère à l'école le vendredi soir et je le redépose le lundi matin.
-Et tu m'as caché ça depuis tout ce temps ? J'arrive pas à le croire.
-Seulement depuis ton retour. A peine quatre mois, quoi.
-C'est quatre mois de mensonges.
-Demain, l'assistance sociale débarque pour déterminer si je suis encore un père digne de mériter l'aide financière de l'Etat ou pas. Il est évident que non car de ce gosse j'en ai à rien foutre, mais je veux garder mes allocations, bordel.
-Qu'est ce que t'en as besoin de ce fric ? T'as vu dans quoi tu vis ?
-Le loft est beau mais il ne me paye ni mes fringues ni ma connexion à Internet.
-T'as qu'à travailler.
-Ha ha. Je suis mort de rire.
-Bon, ok, je vais t'aider. Quand t'as su que tu l'avais perdu ?
-Y'a une heure, quand je me suis levé.
-Et la dernière fois que tu l'as vu ?
-Hier, à 21h. Je devais te rejoindre au Gasmoa et je l'ai laissé ici.
-Ah ah, il était dément ce bar hein ? Sacrée soirée, clair.
-Ouais donc hier soir, Charlie arrêtait pas de chialer, de faire ses putains de rotomontades, et moi je veux partir. Alors qu'est ce que je fais ? Hein ?
-Tu le cloues devant la télé. Elle lave son cerveau avec ses conneries et le transforme en momie en quelques secondes.
-Non, j'ai fait mieux en mettant du cognac et des somnifères dans son biberon.
-C'est une bonne idée aussi.
-Et je suis revenu peinard vers 5h du mat' avec la brune aux yeux jaunes.
-Ouah, comment t'as fait pour l'avoir ? Elle était aussi coincée qu'une none croisée avec la reine Victoria.
-Je l'ai impressionnée. Je me suis foutu à poil face à la devanture d'une église, ce genre de truc.
-Classe.
-Elle est tombée par terre en arrivant ici, mais elle a pas voulu se déshabiller. Elle voulait prendre un petit dèj d'abord. Mais pas un truc minable, non, plutôt un repas royal. Alors j'ai fait des tartines au fois gras et j'ai mis un canard premier choix au four puis j'ai mis la table avec bougies et rose dans un vase, tu vois le genre. Mais en fait elle m'a sauté dessus après sa deuxième tartine et on baisé sur la table et le vase est tombé et s'est brisé.
Ensuite elle s'est cassée et moi j'ai dormi plus de dix heures et je t'ai appelé et voilà.
-Elle était bien, la brune ?
-Je... Je me souviens plus de rien. On a bu pas mal. Elle avait ramené une bouteille de vin rose avec des trucs verts qui flottaient dedans. C'était chouette. Bref, Charlie est encore dans cet appart'. Ou alors c'est Superman et il s'est envolé par la fenêtre.
-Et t'as besoin de mon aide pour le retrouver alors qu'il est ici ? C'est pas croyable.
-Ecoute Léo, ce loft a dix-huit pièces, c'est un vrai labyrinthe et j'ai pas toute ma tête. Alors si tu veux pas m'aider, casse-toi maintenant. Sinon, commence à fouiller.
-Heu... Je... Bon d'accord, je vais t'aider.
-Merci.

Trois heures. Trois heures à fouiller les moindres coins de tout l'étage, surtout là où s'y attend le moins. Intérieur des murs en bois et plomberie des chiottes compris. Je me suis coupé le pied trois fois avec les morceaux du vase en plein milieu du salon. A la fin j'ai compris qu'il fallait passer un coup de balai. C'est là que Tom est revenu.
-Je t'ai pas demandé de faire le ménage.
-Je suis en train de sécuriser la zone pour la libre circulation des jambes.
-Bien.
-Où t'étais passé ?
-Je pionçais.
-Il est si petit que ça ton gosse ?
-Dix mois. Et ouais, il est plutôt faible pour son âge.
-Cette histoire me rend dingue. On le retrouvera pas comme ça. A toi de te souvenir de ce que t'en as fait de ton mioche.
Sur ce, je lâchai le balai et allai pisser. C'est pendant que je déchargeai que je m'aperçus que je n'avais pas encore regardé derrière le rideau de baignoire. Je m'étais juste dit que le gosse était trop petit pour grimper tout ça. Je tirai la chasse d'eau et me dirigeai vers la douche quand Tom apparu derrière moi et cria.
-Mais ouais bon sang ! C'est là ! Je me rappelle ! J'ai montré Charlie à la brune et elle a dit qu'il sentait pas la rose. Alors je lui ai donné un petit bain. Et ensuite je l'ai laissé là pour aller me faire la fille tranquillement.
-T'es vraiment dingue Tom, on donne pas des bains à un si petit enfant.
J'étais néanmoins rassuré d'en avoir fini. Je tirai alors le rideau et on regarda dans la baignoire. Mais ce n'était pas Charlie dedans, plutôt un énorme canard de luxe, qui avait un bec narquois à la Donald Duck.
-Tiens, je croyais l'avoir mis au four. Qu'est ce qu'il fout là ?
-C'est moi qui te pose la question, Tom.
-Crois-moi, j'en sais rien. Mais je devais vraiment, vraiment être stoned hier soir.
Une idée affreuse me traversa alors l'esprit. Ne pouvant la rejeter, je dus aller vérifier. Je me suis précipité dans la cuisine et j'ai ouvert le grand four, incrusté dans le mur de marbre. Charlie était bien là-dedans, calciné jusqu'à l'os, tel un foetus avorté dans une chaudière à charbon.

Le lendemain matin, l'assistante sociale s'est pointée. J'ai eu l'idée de ramener le bébé d'une amie de soeur, qui était mignon tout plein. Tom a joué au père modèle avec celui-là et le leurre a fonctionné, il a gardé ses allocs. Quand l'assistance sociale est partie, Tom s'est allongé sur le sol et a pleuré.
-Dis-moi Léo, comment j'ai pu faire ça à mon propre fils ? Dieu, non... Pourquoi moi ?
-Personne n'a la réponse. C'est juste une fatalité de plus. Des choses arrivent, passent, et s'oublient.
-Non, je ne pourrais jamais oublier ça.
-Au final, il se peut que si.

J'ouvris la porte et sortis. J'avais besoin d'un bon repas, peut-être chez le chinois du bout de ma rue.


FIN


(Nairod)

5 commentaires:

Marine a dit…

J'ai compris et j'ai eu peur à partir du moment où Tom dit qu'il avait mis le canard dans le four... XD
Super histoire... bien trouvé =).

Poulet le jeune a dit…

So gooooooore \o/

Landro a dit…

Ixe, les oublis de mots sont ta marque de fabrique, ou quoi ? :D
Sinon, la nouvelle est bien chouette. Strange, comme toujours avec toi, mais chouette.
Hou-hou (dirait le hibou).

Nairod & Bubus a dit…

firea -> Youhou j'ai réussi à faire peur ! Merci
La Voix de Bubus -> Je peux faire pire ;)
Landro -> Bon j'ai relu et j'ai corrigé un ou deux mots mineurs oubliés, soit pas trop dur quand même ^^
Merci à tous pour vos lectures :D

Stu a dit…

Putain mec..

'Tain, vraiment trop bon quoi ! J'ai vraiment vraiment vraiment quiphé !

Je vais penser à toi en passant devant la tour Montparnasse demain. Peut-être même que j'aurais une érection bordel.

Rohlala, vivement ta prochaine !

Tchu !