18 mars 2008

Bulging Eyes - Chapitre 2

Voici le deuxième chapitre de Bulging Eyes.
Attention, ça commence à partir un peu plus loin.

II- Où la dialectique emmène le pauvre lecteur aux confins de l'arbitraire.

Cela se passa précisément vingt-six jour plus tard. Jessica venait de sortir de chez Perrine, sa sobre amie, avec qui elle aimait à passer de longues heures, blotties dans un sofa à goûter la pureté volubile de la blanche granulée, collant dans la moiteur transcendantale de Perrine, qui strangulait sa passion. D'un geste chaste, elle remit son bonnet tout en descendant les marches du perron de la petite bâtisse de Perrine. Elle passa le portail. Des mèches lui tombèrent devant les yeux. Pensive, elle remit d'un geste mécanique mais sensuel ses blonds cheveux derrières ses délicates oreilles. Elle marcha.

Cependant, prise dans ses songes qu'elle était, elle ne remarqua pas qu'il était déjà fort tard et que, dans ce quartier résidentiel connu pour sa tranquillité, elle était seule traînant des pieds, fragile comme un petit bouton de fleur.

Serge, lui, n'aimait pas la solitude. A chaque fois que l'automne pointait le bout de son nez, ça le rendait dépressif. Pourtant, Serge avait tout pour être heureux. Certes, il était fort laid et de petite composition. Mais, après de gros efforts, Serge avait réussi à faire de sa vie ce dont, tout petit, il rêvait. Il chassait. Et il gagnait sa vie, par simple nécessité, en vendant clandestinement des chiens malades ou gangrenés venant de Roumanie par camions rouillés. Le soir, il aimait à passer des nuits américaines, devant la télévision, la main sur sa solide laideur. Durant les saisons ensoleillées, il vaquait souvent près des plages ou des piscines, ou à la sortie des écoles, l'oeil alerte, le crin hérissé. Mais l'automne et l'hiver étaient trop tristes. Trop de pluie, trop de froid, trop de désespoir. Et la nuit le prenait aux tripes. Si il ne l'aimait pas, c'est parce que, lorsque la nuit s'abattait sur lui, Serge sentait tout le poids de sa détresse. Il se traînait devant la glace et vomissait dans le lavabo ses angoisses, ses peurs, ses chagrins. Et il passait ensuite la nuit, blottit nu entre ses drapes rouges, roulé dans sa torpeur, vagissant et sanglotant de solitude. Diable que le corps lui manquait. Il sentait ses draps froids, il sentait ses doigts maladroits, ses par-dessous urticants, son traversin ouaté et usagé. Alors il sortait. Il enfilait un caleçon, enfilait un pantalon de jean, un marcel suintant et luisant de sueur et ses chaussures boueuses.

Ah ! comme la nuit devenait agréable lorsque, dans sa froideur paralysante, elle facilitait l'abattage du gibier. Mais lorsque lui, Serge, trente-sept ans et trois mois, se retrouvait être le gibier du tracas, la nuit se montrait moins douce, moins complice.

4 commentaires:

Stu a dit…

Haaaaa mec, j'étais sceptique sur le premier chapitre, mais là j'adhère to-ta-le-ment !

J'espère simplement que y'aura une cohérence entre les chapitres, et alors ce sera encore mieux :)

Bonne continuation et à la semaine prochaine !

Poulet le jeune a dit…

Ha ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Je reconnais le style Artie en plus évolué mais aaaaah ça me rappelle des tas de trucs tout ça !

J'adore ce langage chatié. T'arrives à faire un truc pompeux sans en faire un, sans agacer, et ça c'est très très fort ! J'adhère totalement, total délire !

LOVE

Artie a dit…

Merci bien pour vos commentaires. ^^
Il y a une cohérence entre les chapitres suivants, vous en faites pas. L'histoire est mise en place, là. ;)

Landro a dit…

Oui, si ça va en s'améliorant comme ça à chaque chapitre, on finira par aboutir à l'Oeuvre suprême que même Hugo il en serait jaloux. Ou pas.
Enfin, c'est très bon, quoi.